Karine
Chapeau Panama
Dernière mise à jour : 22 août 2021
Quelle est mon origine ?
Je n’ai rien à voir avec le Panama ! Je viens d’Equateur : je suis fabriqué là-bas par de petits artisans puis exporté, entre autre, au Panama dont je porte le nom. Mais, au fait, savez-vous pourquoi ?
Quels sont mes usages ?
Les indiens comme les agriculteurs d’Equateur m’utilisent depuis toujours pour se protéger du soleil. Les Espagnols, en arrivant en Amérique du Sud, me découvrent : je les fascine parce que je ressemble étrangement aux couvre-chefs portés par les nones et les veuves en Espagne. C’est pour cela qu’ils m’appelleront le chapeau « paille toquilla ».
Ils demandent alors aux indigènes de me confectionner, ce qui va me faire connaitre auprès de la haute société et de la noblesse espagnoles. Petit à petit, j’intègre les garde-robes européennes. Le petit village de Montecristi va devenir LE centre de ma confection.
Un homme d’affaires, Manuel Alfaro, va voir en moi une opportunité lucrative. Il établit en 1835 la première entreprise d’exportation et choisit Panama comme destination principale pour son importance croissante en tant que centre d’affaires. La fièvre de l’or californienne lui permet d’entrer dans le marché américain, m’exportant à 220 000 exemplaires en Californie. Puis, en 1855, lors de l’exposition universelle de Paris, les comptoirs du Panama qui m’importent, me font davantage connaitre, on m’appelle alors en France « chapeau Panama ».
Ensuite, à partir de 1881, des travailleurs du monde entier viennent participer à la construction du canal de Panama ; il faut se protéger du soleil, on me choisit comme couvre-chef. Ceci contribue grandement à ma démocratisation et ma notoriété au niveau international. Justement, en novembre 1906, j’arbore de toute mon élégance la tête du président Roosevelt lors de sa visite du fameux canal. Il est pris en photo, celle-ci fait le tour du monde, je plais beaucoup grâce à ma sobriété, mon élégance et mon côté atypique de l’époque, ce qui me convertit ainsi en CHAPEAU A AVOIR dans sa garde-robe.
Je suis aujourd’hui porté par des célébrités comme par les amoureux de chapeaux, aussi bien en tant qu’accessoire de mode que comme protection contre le soleil, avec le style en plus du célèbre Panama !
Sachez que les Panaméens ont leur propre couvre-chef, le Pinta’o, et mis à part en accessoire de mode ou en amoureux de chapeaux, ils ne me portent pas !
Comment suis-je conçu ?
Les principales villes équatoriennes connues pour ma fabrication sont Cuenca où la production est la plus importante, et Montecristi où la qualité est la plus fine. D’autres endroits moins connus me confectionnent également. Le climat de ces deux villes étant différent, il ne permet pas un travail et une production identiques.
Je suis conçu avec les jeunes tiges du palmier « toquilla », tressées à la main, de façon traditionnelle et artisanale. La feuille passe par tout un processus avant d’être utilisée. La couleur naturelle de la toquilla, une fois la chlorophylle éliminée, est crème. On obtient différentes couleurs avec des méthodes variées, cela permet de diversifier le produit et de toucher une clientèle plus large. L’uniformité de la couleur est importante et indique un travail de qualité. Mon prix va dépendre de la finesse du tissage et de la fibre, de la dextérité de l’artisan et du temps passé à sa conception qui peut aller jusqu’à 8 mois !
Ai-je des variantes ?
Le tissage Brisa est l’entrée de gamme : les motifs sont de forme croisée, ils dessinent de petits carrés. L’artisan a besoin de minimum 3 jours de travail pour un travail de qualité.
Le tissage Cuenca est l’intermédiaire : en forme de chevron, il est plus robuste. Ce tissage est réalisé dans la ville de Cuenca, les artisans sont assis pour la confection du chapeau et il faut un minimum de 2 semaines pour me créer.
Le tissage Montecristi est le plus fin et le plus régulier : avec le moins d’imperfections, c’est le plus long à concevoir. Originaire de la ville de Montecristi, les artisans travaillent debout et penché sur le chapeau. Avec un tel tissage, je suis celui qui coûte le plus cher.
Plus la paille est fine et le tissage fin, plus je suis léger et agréable à porter, je me sèche moins, je suis plus résistant et gagne en flexibilité.
https://videos.un.org/es/2016/09/20/tejido-tradicional-del-sombrero-ecuatoriano-de-paja-toquilla/

Comment me conserver ?
Surtout pas d’eau ni d’alcool pour me nettoyer ! Une simple gomme propre, blanche et de bonne qualité suffit pour enlever les tâches ou salissures une fois sèches.
Si par hasard je suis mouillé, séchez-moi avec un chiffon sec, propre et doux puis mettez-moi à sécher naturellement dans un endroit ventilé et à l’ombre. Surtout pas de sèche-cheveux, sèche-linge ou autre appareil pour aller plus vite.
Etant en fibre naturelle, ne me stockez pas dans un endroit chaud, sec et non ventilé (comme la plage arrière de la voiture pour décorer), sinon je me sèche, perds en flexibilité et finis par me casser.
La toquilla doit conserver une certaine humidité, donc il faut me vaporiser légèrement et à distance en utilisant votre fer à repasser par exemple, si vous constatez que je deviens un peu sec.
On ne me prend pas par le dessus (la couronne) mais par les bords avant et / ou arrière car cela déforme la paille fragile et je perds de ma forme originale.
Lorsque vous partez en voyage, ne me gardez pas plus de 48 heures enroulé sinon il sera difficile de me faire reprendre ma forme même si vous y avez mis le prix…
Ne me suspendez pas à proximité d’une cheminée, un radiateur ou toute source de chaleur sèche. Rappelez-vous que la paille vient d’un pays tropical humide, donc j’ai besoin d’humidité mais pas d’eau.
Combien je coûte ?
Au Panama, le premier prix pour un VRAI chapeau commence à environ 25 USD. Cependant, à ce prix, je ne suis pas un chapeau qui s’enroule et ma tenue, selon l’usage que vous faites de moi, ne durera pas longtemps.
Ce qui est important pour l’achat d’un VRAI chapeau Panama : à l’intérieur, il doit être écrit « fait en Equateur – paille de toquilla / hecho en Ecuador – paja de toquilla / made in Ecuador – toquilla palm ».
A partir d’une certaine gamme, le magasin vous offrira une boite de transport. Demandez au vendeur de vous montrer comment on m’enroule et on me remet en forme une fois sorti de ma boîte. Pensez à filmer afin de vous en souvenir !
Les chapeaux les plus fins atteignent des milliers de dollars américains, c’est plus un investissement plaisir que vous garderez toute votre vie.
A noter :
Aujourd’hui, on me décline en différentes teintes, avec des bandes (le galon) de différentes couleurs pour s’adapter à la demande et se « réinventer ».
Le chapeau Panama est inscrit au Patrimoine Mondial Immatériel de l’Humanité de l’Unesco depuis 2012.